chapitre 6 : De la désignation à la réconciliation

chapitre 6 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes

De la désignation à la réconciliation.

 Préambule 

Françoise-Marie NOGUES, Rémi CASANOVA

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Bouc émissaire : le concept en contextes, De la désignation à la réconciliation, le Préambule

De la désignation à la réconciliation, le préambule proposé par Françoise-Marie NOGUES et Rémi CASANOVA

« La phase de désignation du bouc émissaire est intéressante à plus d’un titre. L’un d’entre eux peut être abordé d’un point de vue systémique, sous l’angle de la stratégie des acteurs (Crozier & Friedberg, 2007 rééd.). Il marque le passage du tous contre tous en un tous contre un suffisamment unanime. Il est important de saisir le niveau parfois considérable d’incertitude qui plane sur la désignation de la victime à venir. »

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« La recherche autant que la désignation s’effectue à tous les moments de la vie du groupe : des réunions instituées aux temps extra professionnels (la vie extérieure au groupe, lorsqu’on pense et repense à ce que l’on vit et ce qui se passe dans le groupe) en passant par les activités du groupe (celles qui constituent sa raison d’être), tous les moments institutionnels ou non, institués ou non, construisent la figure désignée du bouc émissaire. »

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« Entre la désignation et la réconciliation, se situe l’étape cruciale de l’emballement mimétique. Pour faire écho à une sémantique contemporaine, ce serait l’étape du harcèlement systématique et systématisé. »

Quelle réconciliation après l’exclusion ?,

Sandrine MAYETELA

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Quelle réconciliation après l’exclusion ?, un texte de Sandrine MAYETELA au chapitre 6 du livre « Bouc émissaire : le concept en contextes »

« Comme les anthropologues l’ont montré (Frazer, 1926), comme René Girard l’a développé (1982), et comme aujourd’hui Rémi Casanova le constate en institution (2015), le bouc émissaire est un phénomène inévitable dans la vie d’un groupe. Lorsque le mécanisme est à l’œuvre au sein d’une institution à travers une de ses équipes, comment le dépasse-t-elle ? »

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« Afin de pouvoir repérer l’évolution du phénomène, il convient de renseigner un certain nombre d’items proposés par Rémi Casanova (2010, p. 101-102) : « en quoi y a-t-il exclusion ? de qui ? de quoi ? selon quelles modalités ? ; quelle intensité de l’exclusion ? ; en quoi y a-t-il rivalité mimétique ? ; quels sont les signes victimaires du bouc émissaire ? ; en quoi la victime focalise-t-elle une violence suffisamment forte et unanime ? ; en quoi y a-t-il expiation ? ; en quoi y a-t-il substitution ? ; invente-t-on un après ? ». »

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« En septembre 2015, le dispositif prend possession des nouveaux locaux. La rentrée de chacun des intervenants se fait en fonction des catégories professionnelles : ainsi les deux éducateurs ont pris leur fonction une semaine avant les deux enseignants. L’installation a cristallisé les tensions. L’aménagement du dispositif s’en fait sans aucune concertation d’équipe. Les éducateurs, en tant que coordinateurs, installent leur bureau dans une des salles. Les enseignants réagissent en déplaçant le mobilier pour montrer leur mécontentement et leur désaccord avec l’existence d’une salle dédiée aux coordinateurs. La prise de fonction de l’équipe est retardée. »

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Grille de lecture du bouc émissaire et PGRO, des postures accordées dans l’accompagnement en histoires de vie,

Françoise-Marie NOGUES

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« Parallèlement à mon expérience de la méthodologie des histoires de vie avec des groupes de pairs en formation (Noguès, 2014), j’exerce en tant que gestalt-thérapeute formée à la psychothérapie gestaltiste de la relation d’objets[1]. De façon très succincte, la PGRO appelée « Psychothérapie du

Françoise-Marie NOGUES au Chapitre 6 du livre "Bouc émissaire : le concept en contextes"

L’accompagnement en histoires de vie n’est pas protégé du processus du bouc émissaire. C’est ce que montre Françoise-Marie NOGUES au Chapitre 6 du livre « Bouc émissaire : le concept en contextes »

lien » par son fondateur, Gilles Delisle[2], est un système de psychothérapie né de l’intégration de deux écoles de pensées : la gestalt-thérapie expérientielle et les théories du développement de la relation d’objet, adossé aux neurosciences affectives (Allan Schore, Louis Cozolino et Peter Fonagy). La Gestalt-thérapie s’intéresse aux interactions organisme/individu avec l’environnement (personnel, professionnel, social) et travaille à développer l’autonomie, la responsabilité et la créativité du sujet ; cette école s’inscrit dans le courant de la psychologie humaniste. »

[1]La relation d’objet est un terme psychanalytique décrivant le rapport qu’a un individu (le sujet) avec les objets qui constituent le monde dans lequel il vit. Ce monde est tout autant interne qu’externe.

[2]Gilles Delisle, québécois, en est le fondateur depuis l’écriture de sa thèse en 1998 : La Gestalt-thérapie des relations d’objet : théorie révisée du self. Il est parti du constat que la Gestalt-thérapie de Perls et Goodman est plutôt centrée sur une théorie de la santé et de la croissance, au détriment d’un corpus théorique considérant la pathogenèse et que, de fait, elle manquait d’une théorie du développement psycho-affectif de l’enfant. Il intègre la pensée psychanalytique de l’École britannique des relations d’objet et propose une ouverture multimodale.

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« Si la logique du bouc émissaire compte trois grandes étapes – discrimination, stigmatisation, exclusion – dans un processus en comptant sept (Casanova, 2015b), il est intéressant de noter le dénominateur commun à la première et la dernière étape : phase apaisée et phase d’apaisement. L’œuvre au noir et blanc du cycle émissaire réengendre l’unité du groupe, de la division à l’unification, du tous-contre-tous au tous-contre-un.  »

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« Dans la matrice groupale de reproduction du champ, les séparations et/ou abandon vécus et répétés depuis la petite enfance se réactualisent avec l’imminence du départ de l’animatrice-fondatrice du groupe, figure maternelle à de nombreux égards. Une session peut réactiver les micro-champs introjectés par les individus et contaminer non seulement la relation présente mais aussi le groupe. »

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